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D'IBN KHALDOUN. 27

les mots qu'il avait adoptés pour en former son parafe. Ce fonction- naire tenait d'abord un haut rang dans l'Etat; mais il finit par être placé sous le contrôle d'un des hauts dignitaires de l'empire ou sous les ordres d'un vizir. Dès lors le parafe du secrétaire perdit sa valeur, et un autre, qui s'apposait à côté, indiquait que cet employé agissait sous la direction d'un chef. Il écrivait néanmoins son parafe habi- tuel; mais c'était le parafe du chef qui validait la pièce. Il en fut de même dans les derniers temps de l'empire hafside, quand la place de hadjeb eut acquis toute son importance, et que ce fonctionnaire exerça l'autorité administrative, autorité qu'il tint d'abord par délé- gation, et ensuite par usurpation. Sous cette dynastie, le parafe du secrétaire n'avait aucune valeur, bien qu'il s'apposât sur toutes les pièces officielles, selon l'ancien usage. Pour être vali.de, il devait être accompagné d'une formule d'approbation adoptée par le hadjeb et inscrite par lui sur le document. Aussi le secrétaire dut toujours prendre les ordres du hadjeb avant d'apposer le parafe qu'il avait lui- P. jS. même l'habitude d'employer. Toutes les fois que le sultan se trou- vait hors de tutelle et en possession de l'autorité suprême, il mettait sur les pièces officielles son propre parafe, et ordonnait au secré- taire d'y apposer le sien.

Parmi les emplois du secrétariat on distingue celui de la iaoukiâ. Voici ce que c'est : chaque fois que le sultan tient une séance pu- blique afin d'écouter les réclamations et rendre justice aux plaignants, un secrétaire reste assis devant lui pour inscrire, dans un style concis et clair, sur chaque placet qu'on présente au souverain , la décision pro- noncée par celui-ci. La pièce munie de la iaoukiâ est expédiée (dans la forme ordinaire), ou bien le secrétaire transcrit une copie de la dé- cision sur le double du placet que le pétitionnaire doit toujours avoir entre les mains. Pour bien rédiger ces décisions , il faut que le secrétaire ait le talent d'exprimer ses idées d'une manière élégante et précise. Djâfer Ibn Yahya (leBarmekide) remplissait ces fonctions au- près d'Er-Rechîd; il inscrivait les décisions sur les placets et les passait à ceux qui les avaient présentés. Les Iaoukiâ écrites par lui

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