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D'IBN KHALDOUN. 331

genre et montrent pour ces recherches la même passion que pour l'alchimie. C'est ainsi, nous a-t-on dit, que les habitants du Caire s'entretiennent avec tous les talebs maghrébins qu'ils rencontrent, dans l'espoir de recevoir d'eux l'indication de quelque trésor caché. Ils s'informent aussi des moyens qu'il faut employer afin de faire ab- sorber les eaux par la terre, dans la persuasion où ils sont que la plupart de ces trésors sont enfouis sous le lit où coulent les eaux du Nil, et qu'il n'y a point dans l'Egypte d'endroit qui recèle plus de richesses et de trésors.

Les porteurs des écrits forgés dont nous avons parlé abusent de p. 283. la crédulité de ces hommes, et, quand ils n'ont pu réaliser les décou- vertes dont ils les avaient flattés, ils prétendent que le cours du fleuve les avait empêchés de réussir, couvrant ainsi leur imposture ' afin d'en faire leur gagne-pain. Celui qui est assez faible pour les écouter n'a rien plus à cœur que d'avoir recours à des- opérations magiques, afin de faire absorber l'eaxi et de parvenir^ ensuite à l'objet de sa convoitise; aussi les habitants de ce pays s'occupent beaucoup de magie, art pour lequel ils ont hérité du goût de leurs ancêtres^. En effet, on y voit encore aujourd'hui des monuments qui attestent les connaissances magiques que possédaient les anciens Egyptiens; tels sont les berbis" et autres (édifices antiques). L'histoire des magiciens de Pharaon est une preuve de l'application toute particulière que les anciens habitants de l'Egypte avaient mise à cet art.

Il circule dans le Maghreb une pièce de vers attribuée à un sage de l'Orient, et contenant l'indication des procédés magiques qu'il faut employer pour faire absorber les eaux. La voici :

Toi qui désires apprendre le secret de faire absorber les eaux, écoute les pa- roles de vérité que t'enseigne un homme bien instruit.

' Pour t_>-'^ll , lisez o(3^^=Jl. i^j', et dans l'édition de Boulac : Ojl.

' Il faut lire J^-c Jw.«a_^J,'OU bien ' Le mot berbi, dont le pluriel est 6e-

U J^wt^sJ. La seconde leçon est celle des mbi, sert à désigner les restes des temples manuscrits C, D et de l'édition de Boulac. et des autres monuments bâtis par les an-

' On Ht dans \es manuscrits C et D : ciens Égyptiens.

4j.

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