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D'IBN KHALDOUN. 315

lieu de nos jours, sous la dynastie des Hafsides. Dans le Djerîd, les habitants de Tripoli, de Cabes, de Touzer, de Nefta et de Cafsa, ceux de Biskera, du Zab et des lieux voisins, aspirèrent à l'indépendance quand l'autorité de l'empire eut cessé, depuis plusieurs dizaines d'an- nées, de se faire sentir chez eux. Leurs chefs s'emparèrent alors du commandement des villes, et se chargèrent de l'autorité administrative et de la perception des impôts, au détriment du gouvernement cen- tral. Ces usurpateurs montraient toutefois à la dynastie un semblant d'obéissance, une apparence de soumission; ils lui prodiguaient de belles promesses, des témoignages de respect et des assurances de dé- vouement, mais ils étaient bien loin d'être sincères. Leurs descen- dants ont hérité du pouvoir et le conservent jusqu'à présent; ceux qui commandent maintenant dans ces pays laissent mênae percer la fierté et l'esprit de domination qui se font remarquer dans les princes descendus de puissants souverains, et, malgré le peu de temps qu'ils •' ■^^9- sont sortis des rangs du peuple, ils se posent en sultans'. La même chose arriva quand l'empire sanhadjien (celui des Zîrides) lira vers sa fin; les chefs des villes du Djerîd méconnurent l'autorité du gou- vernement et gardèrent leur indépendance juscju'à ce qu'Abd el- Moumen Ibn Ali, cheikh et roi des Almohades, les détrônât tous, # les déportât en Maghreb et effaçât toutes les traces de leUr domina- tion. Nous raconterons cela dans l'histoire de ce souverain ^. Un mouvement semblable eut lieu à Ceuta quand la dynastie d'Abd el-Moumen fut sur le point de succomber. Ces usurpateurs appar- tiennent ordinairement aux grandes et puissantes familles qui four- nissent à la ville le chef et les autres membres du conseil munici- pal; mais on voit quelquefois un individu de la classe la plus infime s'emparer du pouvoir; ce qui a lieu quand le destin lui fournit l'occa- sion de se former un parti dans la populace. Il renverse alors l'au-

' On voit que ceci fut écrit avant l'an 777 commença à Ciire rentrer ce.s villes dans l'o- de l'hégire, époque à laquelle le sultan béissance. ( Voy. fi(*/.f/MZ?c?-6.t. III, p. 92.) Abou '1-Abbas, ayant entrepris de rendre " Voy. Hist.desBerh. t.ll,p. 32 etsuiv.

à l'ennpire bafside ses anciennes limites, el p. igS.

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