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p. 264. et, s'ils ne peuvent pas l'aider par la force des armes, ils la favori- sent, l'aiment et lui restent attachés. Or le nouveau gouvernement, étant naturellement porté à effacer toute trace de celui qui l'a pré- cédé , transporte cette population insoumise dans le pays d'où elle était sortie, pourvu qu'il ait réduit ce pays sous son autorité. Il y en- voie les uns comme prisonniers ou comme exilés, et persuade aux autres d'y chercher une retraite honorable ; employant ainsi les moyens de douceur pour ne pas les indisposer tout à fait. A la fin, il ne reste plus, dans la capitale, que de petits négociants et des gens peu con- sidérés : des cultivateurs, des vagabonds et du bas peuple. Pour rem- plir le vide que ces exilés ont laissé, le gouvernement installe à leur place une partie de' ses troupes et de ses partisans. Or, quand une ville se trouve abandonnée par les notables des diverses classes, elle subit une grave atteinte dans le nombre de sa population, ou, en d'autres termes, elle perd beaucoup de sa prospérité. Le nouveau gouvernement se voit donc obligé de la repeupler^ en y établissant ses protégés. La vie sédentaire développe alors chez ceux-ci une nou- velle civilisation qui fait plus ou moins de progrès, selon que l'em- pire est plus ou moins fort. On peut assimiler ce procédé à celui de l'homme qui, étant devenu propriétaire d'une maison délabrée, dont la distribution et les dépendances ne répondent pas à ses be- soins, change cette distribution et restaure la maison de la manière qu'il l'entend et qui lui convient le mieux; un tel édifice tombe promptement en ruine et doit être reconstruit. Voilà ce qui a eu heu, au vu et au su de tout le monde, pour plusieurs villes qui ont servi de capitale à des empires. Diea est le régulateur des nuits et des jours.

En somme, la cause première et naturelle de ce phénomène est celle-ci : la dynastie et l'empire sont pour la population (et pour la

' Pour j , lisez ^. forme aux règles de la grammaire serait

  • Les manuscrits C et D portent ou ^ y [ ^^ «J 00 ■2' , mais notre auteur n'y re-

(ji *J ; nous lisons , dans l'édition de Bou- gardait pas de si près.

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