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qui dispose les hommes à imiter les mœurs de celui qui les tient sous ses ordres. Dans le second, ils se laissent enlever, jusqu'à un cer- tain degré, les habitudes de la vie sédentaire; car il est dans le carac- tère du nouveau gouvernement d'éviter toute espèce de luxe; cela réduit à peu de chose les profits (que l'on peut retirer des dépenses faites par le souverain), profits qui sont faUment du luxe. Il en ré- sulte que la prospérité de la ville ne se maintient plus et que les habi- tudes du luxe subissent une notable diminution. C'est encore là l'idée que nous avons déjà énoncée en traitant des causes qui amènent la ruine des grandes villes. 2" Une dynastie parvient à la souveraineté et à la domination par la voie de la conquête; mais, avant cela, elle a dû déployer de finimitié (contre une autre dynastie) et (lui) faire la guerre. Or l'inimitié qui règne entre deux dynasties porte les sujets de l'une à détester ceux de f autre; les habitudes (du luxe) sont plus fortes, et le bien-être, dans toutes ses formes, est plus grand chez f un ' de ces peuples que chez fautre ; mais la victoire de celui-ci fait disparaître (la puissance de) son adversaire, et, dès lors, les usages de l'ancien empire paraissent détestables, odieux et exécrables à la nouvelle dynastie. Les choses du luxe, surtout, le révoltent, et le peuple vainqueur n'en adopte pas l'usage , parce que son gouverne- ment fimprouve. Cela dure jusqu'à ce que la dynastie du vainqueur acquière graduellement quelques habitudes du luxe, habitudes d'un autre genre, et pose ainsi la base d'une nouvelle civilisation séden- taire. Pendant cet intervalle, la civilisation de fancien peuple décroît et tend à disparaître. Voilà encore comment la prospérité d'une ville p. 263. décline. 3° Chaque peuple a nécessairement un pays dont il est ori- ginaire et où il a commencé l'établissement de son empire. Le pays dont il s'empare ensuite devient une dépendance de celui qui était le berceau de sa puissance, et les villes conquises se trouvent placées à la suite de celles que les vainqueurs possédaient déjà. Le royaume a pris alors une telle extension que le gouvernement se voit obligé

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