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D'IBN KHALDOUN. • 299

, de force. On sait quelle étendue l'empire des Almohades avait ac- quise à cette époque. La civilisation de la vie sédentaire prit alors, dans le Maghreb, une certaine consistance et s'y établit même d'une manière solide; mais ce pays la devait en grande partie aux Espa- gnols. Lors de la grande émigration, quand une foule de musulmans quittèrent l'Espagne, à la suite des conquêtes faites par les chrétiens^ ceux qui en avaient habité les provinces orientales passèrent en Ifrîkiya, où ils ont laissé des traces de leur civilisation. Cela se remar- que dans les grandes villes, et surtout à Tunis, où les usages espa- gnols se combinèrent avec la civiHsation qui était venue de l'Egypte , et avec les coutumes introduites par les voyageurs. De celte manière , rifiîkiya et le Maghreb arrivèrent à un degré de civilisation très- considérable, mais qui disparut plus tard, lors de la dépopulation- du pays. Tout progrès y fut désormais arrêté, pendant que, dans le Maghreb, les Berbers reprirent leurs anciens usages, et retombèrent dans la grossièreté de la vie nomade. Dans tous les cas, il reste plus de civilisation en Ifrîkiya que dans le Maghreb et dans les villes de cette contrée, et cela, parce que beaucoup plus de dynasties ont régné dans le premier pays que dans le second, et que les usages, en Ifrî- kiya, se rapprochent de ceux de l'Egypte, ce qui tient au grand nombre de voyageiu-s qui vont et viennent entre ces deux pays. Voilà le secret (de ces différences dans la civilisation), secret qui a échappé v à tout le monde. Le lecteur saura maintenant que (dans la question que nous traitons) il y a plusieurs choses qui ont entre elles des rapports intimes, telles que l'état de l'empire en ce qui regarde sa force et sa faiblesse, le nombre de la popidation ou de la race domi- nante, la grandeur de la capitale, l'aisance et les richesses du peuple, p. 355. Ces rapports existent, parce que la dynastie et l'empire servent de forme à la nation et à la civilisation, et que tout ce qui se rattache à l'Etat, comme les sujets, les villes, etc. leur sert de matière. L'ar- gent qui provient des contributions retourne au peuple; la richesse

' Séville fut prise par Ferdinand III, roi de Caslille. l'an i236 de J. C. — * Pour

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