Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/305

Cette page n’a pas encore été corrigée

D'IBN KHALDOUN. 297

taire s'y sont maintenues sans interruption et y ont jeté de profondes racines. Passons au Maghreb et à l'Ffrîkiya.

Avant l'islamisme, aucun empire puissant n'existait en Ifrîkiya; car les Romains et les Francs n'avaient fait que traverser la mer pour occuper, en ce pays, les provinces du littoral, et ne pouvaient compter sur l'obéissance des Berbers, peuple qui ne leur témoignait qu'un semblant de soumission et qui était toujours à changer de place et à p. j53. voyager. Les habitants du Maghreb n'eurent jamais dans leur voisinage un grand empire; ils se bornèrent à envoyer aux Gotiis d'Espagne des déclarations d'obéissance. Lorsque Dieu eut donné l'islamisme au monde et que les Arabes eurent effectué la conquête de l'Ifrîkiya et du Maghreb, le royaume qu'ils y fondèrent n'eut pas une grande durée, puisqu'il ne s'y maintint que pendant les premiers temps de l'islamisme. A cette époque, ils étaient encore eux-mêmes dans une des phases de la civilisation nomade, et ceux qui se fixèrent dans ces pays n'y trouvèrent rien d'une ancienne civilisation sédentaire qu'ils auraient pu emprunter. Les habitants étaient des Berbers tout à fait habitués à' la civilisation grossière de la vie nomade. Peu de temps après, sous le khalifat de Hicham, fils d'Abd el-Melek, les Berbers du Maghreb el-Acsa se soulevèrent à l'instigation de Meïcera el-Mal- ghari ^•pour ne plus rentrer sous la domination arabe. Dès lors ils se gouvernèrent eux-mêmes, et, bien qu'ils aient prêté le serment de fidélité à Idrîs, on ne peut pas regarder le royaume qu'ils fondèrent en ce temps-là comme un empire arabe.

En effet ils administraient eux-mêmes l'Etat, les Arabes n'y étant qu'en très-petit nombre. Les Aghlebides et les Arabes qui étaient à leur service restèrent maîtres de llfrikiya, et possédèrent quelque teinture de la civilisation sédentaire, ce qu'ils devaient à l'influence du luxe et du bien-être qui dérivent de l'exercice du pouvoir, et à la grandeur de la population qui remplissait la ville de Cairouan. Cette civifisation devint l'héritage des Ketama (partisans des Fatemides),

' Littéral, «plongés dans.» ÏHist. des Berbers, t. 1 de la traduction,

  • Pour (_jjjj2il, lisez (_j^_à]iil. (Voyez p. 216, 237, 36o.)

Prol(?gomcncs. — u. 38

�� �