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à leurs richesses qu'au prestige de leurs dignités. L'argent des contribuables passe entre les mains des fonctionnaires du gouver- nement, et ceux-ci le donnent à des habitants de la ville qui ont des relations avec eux, et qui forment, en réalité, la majeure partie de la population. Il en résulte que les habitants acquièrent de grandes richesses et parviennent à l'opulence, ce qui accroît' les usages du luxe, multiplie les formes sous lesquelles il se produit, et établit chez eux, sur une base solide, la pratique des arts dans toutes leurs branches.

Voilà la civilisation de la vie sédentaire. On comprend maintenant pourquoi, dans les provinces éloignées (de la capitale), les usages de la vie nomade prédominent- dans les villes, bien qu'elles renfer- ment chacune une nombreuse population, et que les habitants s'éloi- gnent, dans toutes leurs pratiques, des formes de la civilisation sé- dentaire. 11 en est autrement dans les villes situées aux centres des grands empires, dont elles sont les sièges et les métropoles. Cela tient à une cause unique : la présence du sultan. L'argent qu'il répand à flots est comme un fleuve qui fait verdir tout ce qui est dans son voisinage, féconde la partie du sol qui y touche et étend son influence bienfaisante jusqu'aux arbustes desséchés qui se trou- vent dans l'éloignement. Le sidtan et l'empire, avons-nous dit^, ser- vent de marché pour la nation entière; or, dans un marché et dans son voisinage, il y a toute espèce de denrées. Quand on demeure loin d'un lieu de marché , on ne trouve point de denrées. Si fexis- tence de l'empire se prolonge, et si une suite de rois a régné dans la capitale, les habitudes de la vie sédentaire s'y fortifient beaucoup et s'y établissent d'une manière solide. Voyez l'empire des Juifs en Syrie*. 11 dura près de mille quatre cents ans; aussi ce peuple s'était-il la- çonné à la civilisation de la vie sédentaire; il avait acquis une grande

' Pour tSjyJ'j, lisez twUJj. Les correc- Je lis i_ji*J' avec l'édition de Bou- tions indiquées dans celte note et dans les lac.

deux notes précédentes sont justifiées par ' Voyez la i" partie, p. 45.

les mss. C et D et par l'édition de Boulac. ' Pour |«LiJl J, lisez »LiJLj.

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