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DIBN KHALDOUN. 267

les vainquit, s'empara de leur empire et dévasta Beït el-Macdis. Il or- donna de semer (du blé) sur l'emplacement du temple qu'il venait de mettre en ruines. Plus tard, les Roum (les Grecs et les Romains) embrassèrent la religion du Messie, auquel ils témoignèrent dès lors un profond respect. Leurs rois adoptèrent tantôt le christianisme et tantôt le répudièrent; mais, lors de l'avènement de Constantin, sa mère Hélène \ qui avait embrassé le christianisme, se rendit à El- Gods (Jérusalem), afin de chercher le bois sur lequel les chrétiens prétendent que Jésus fut crucifié. Ayant appris des patrices que ce bois avait été jeté par terre et couvert d'immondices, elle l'en fit retirer, et, sur le lieu regardé par les chrétiens comme le tombeau du Mes- p. 226. sie, elle bâtit l'église appelée Coinama^, Elle fit détruire tout ce qui existait encore des constructions du temple et jeter des ordures et du fumier sur la Sakhra. Gette pierre en fut tellement couverte que son emplacement même n'était plus reconnaissable. Elle croyait venger de celte manière la profanation de ce qu'elle regardait comme le tombeau du Messie^. Quelque temps après, on rebâtit, en face* de la Gomama, la maison dans laquelle naquit Jésus, et qui s'ap- pelle Bcït-Lahin (Bethléem). Les choses restèrent en cet état jusqu'à la promulgation de l'islamisme et à la prise de la ville. (Le khalife) Omar, étant venu pour assister à la reddition do Beït el-Macdis, de- manda où se trouvait la Sakhra, et on lui lit voir le lieu où elle res- tait enterrée sous un amas de fumier et de terre. L'ayant fait mettre à découvert, il bâtit au-dessus d'elle une mosquée dans le genre des mosquées qu'un peuple nomade est capable de construire.

Le temple (de Jérusalem) doit son importance au respect que les hommes lui ont toujours témoigné, avec la permission de Dieu, et

' L'édiliou de Boulac offre la bonne le- lice le nom de Keniçat elKîama (église de

çon *J.iU*; les manuscrits C et D portent la résurrection).

  • j,iU, Helaïa, comme l'édition de Paris. ^ Les manuscrits C et D portent o_yUi Ll

" Comama signifie les balayures. Tel est sa5 ij. Cette leçon me paraît préférable à

le terme employé encore par les musul- celle de l'édition de Paris, mans pour désigner cette église; leur re- ' C'est-à-dire, à la distance de deux

ligion les empêchait de donner à cet édi- heures de marche, au sud de Jérusalem. '

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