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cité parfaite ne doit exister que bien rarement ou pas du tout, et s'ils la prennent pour sujet de leurs discussions, c'est uniquement comme une hypothèse et une simple supposition.

Le sptème de gouvernement [sîaça) fondé sur la raison s'applique de deux manières. Dans la première, on a d'abord en vue les inté- rêts du public , puis ceux du souverain , dont il faut soutenir la domination. Ce système philosophique fut celui des Perses; le khalifat ne le suivit pas. Dieu nous ayant dispensés de l'employer en nous donnant la loi musulmane. En effet, les maximes de cette loi suf- fisent pour le maintien du bien public et privé et pour la correction des mœurs; on y trouve aussi tous les principes qui s'observent dans l'administration d'un royaume temporel. Dans la seconde manière, p. 128. on veille d'abord aux intérêts du souverain , et l'on cherche à conso- lider son ' autorité en lui donnant la force de dominer sur tous ; le ■ bien public n'y est que d'un intérêt secondaire. Tel est le système suivi par tous les autres souverains du monde, tant musulmans qu'in- fidèles; les premiers, il est vrai, l'appliquent en observant autant que possible les prescriptions de la loi divine. Chez les musulmans, c'est une collection de règlements fondés sur la loi de Dieu, d'ordon- nances pour le maintien des bonnes mœurs, de lois exigées par la nature même de la société humaine, et de prescriptions concernant la force armée, appui dont on ne saurait se passer. (Pour rédiger ce recueil), on eut d'abord recours aux textes de la loi, et ensuite aux préceptes de morale donnés par les sages et aux règles administratives adoptées par les rois.

Un des traités les plus beaux et les plus complets qu'on ait com- posés sur ce sujet est la célèbre épitre adressée par Taher Ibn el-Ho- ceïn, général d'El-Mamoun ^, à. son fils Abd Allah Ibn Taher, que ce khalife venait de nommer au gouvernement de Racca (en Mésopo- tamie), du vieux Caire et de toutes les provinces situées entre ces deux villes. A cette occasion, Taher lui écrivit une lettre dans laquelle

' Pour *<^, lisez <J. — * Les mots My»UI jals manquent dansC, D et l'écUtion de Boulac.

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