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124 PROLÉGOMÈNES

lin frein ' à l'ambition des Béni Hachem , en chassant du pays les des- cendants d'Abou Taleb et en les faisant mourir. L'esprit de corps qui régna chez les descendants d'Abd Menaf s' étant ainsi éteint, les (autres) Arabes commencèrent à braver l'autorité des Abbacides, et, dans les provinces éloignées de la capitale, ils s'attribuèrent tout le pouvoir. C'est ce que firent les Agblebides en Ifrîkiya, et les (Oméiades) espagnols. L'unité de l'empire était déjà brisée quand les Idrîcides soulevèrent le Maghreb avec l'appui des Berbers, auxquels leur illustre origine avait imposé, et qui étaient parfaitement assurés que les troupes de l'empire ne viendraient pas les attaquer chez eux. Les émissaires du parti des Alides, s' étant ensuite mis en campagne, s'emparèrent des contrées et des provinces éloignées de la capitale, et y fondèrent des missions et des royaumes. Ce fut encore là un démembrement de l'empire.

Dans certains cas, ces empiétements continuent jusqu'à ce que l'autorité de l'empire soit refoulée (des extrémités) jusqu'au centre, et, comme les troupes domestiques se sont amollies dans le luxe, elles se désorganisent et disparaissent; l'empire, partagé alors en plu- sieurs États, est partout d'une faiblesse extrême. Quelquefois un em- pire, après avoir passé par ces épreuves, se soutient longtemps sans s'appuyer sur aucun parti , la teinture qu'il a donnée à l'esprit de ses sujets lui ayant assuré leur obéissance. Cette teinture, c'est l'ha- bitude de soumission et de subordination qui a prévalu chez eux depuis de longues années, habitude si ancienne que personne parmi eux ne sait quand ni comment elle a été introduite. Ces gens-là ne connaissent que la soumission au souverain ; ce qui le dispense ^ de se faire soutenir par un corps de partisans. Pour maintenir l'ordre dans ses États, il se contente d'un corps de troupes soldées, composé de la milice régulière et de volontaires enrôlés*. Ce qui fortifie encore son autorité, c'est la profonde conviction qui domine tous les esprits et qui leur fait regarder la soumission comme un devoir religieux ;

' Lisez ly-àJLfà- — ' Pour iJ^iXMà, Hsez ^J\joiM^- — ' Litléral. « et des mercenaires, »

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