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l'empire a développé ses forces naturelles, le souverain fait plier tous les partis sous son autorité, et les empêche de s'approprier les revenus de l'Etat. (Les tribus,) devenues maintenant moins utiles au P. 88. gouvernement, doivent se contenter des portions que le sultan veut bien leur assigner. Pendant qu'il les tient en bride, les affranchis et les clients de la famille royale partagent avec elles la tâche de sou- tenir l'empire et d'y maintenir l'ordre. Le souverain, ayant alors à sa disposition tout le revenu, ou au moins la plus grande partie, amasse de f argent afin de pouvoir subvenir aux besoins de son gouverne- ment. Ses richesses augmentent, son trésor se remplit, la carrière du faste s'ouvre devant lui, et sa puissance dépasse enfin celle de tout le peuple réuni. Les personnes attachées à son service, vizirs, employés civils, chambellans, affranchis, jusqu'aux soldats de sa garde, deviennent des personnages importants; ils déploient un ' grand faste , gagnent et amassent beaucoup d'argent. Plus tard , l'em- pire tombe en décrépitude par suite de l'anéantissement de l'esprit national et de l'extinction des tribus qui avaient fondé la dynastie. Le nombre des révoltés et des insurgés augmente à un degré qui fait craindre une catastrophe, et le souverain, ayant besoin de soutiens et de défenseurs, prodigue son argent pour s'assurer les services des gens d'épée et des chefs de partisans. II épuise ses trésors et ses moyens afin de réparer les brèches faites à l'intégrité de fempire. Le revenu ne suffit plus pour couvrir la solde des troupes et les autres dépenses, ainsi qvie nous l'avons dit ailleurs; le produit de l'impôt foncier diminue pendant que les besoins du gouvernement augmentent; le bien-être et le luxe cessent de répandre leur ombre sur les courtisans, les chambellans et les employés civils; la car- rière du faste et de l'ostentation se rétrécit pour eux ainsi que pour le maître de l'empire. Comme le souverain a grand besoin d'argent, les fils des anciens courtisans et des serviteurs de l'Etat viennent à son secours, en lui fournissant une partie des trésors que leurs aïeux avaient amassés pour un autre usage. Bien que le souverain reçoive d'eux des marques de dévouement dont leurs pères n'auraient pas

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