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D’IBN BATOUTAH.

[texte arabe]

Nous partîmes donc de Coûl, et nous campâmes à Bordj Boûrah, où se trouve un bel ermitage, habité par un supérieur aussi beau que vertueux, que l’on appelait Mohammed le Nu, parce qu’il ne revêtait pas d’autre habillement qu’un pagne, descendant, à partir de son nombril, jusqu’à terre ; le reste de son corps demeurait découvert. Il avait été disciple du pieux et saint Mohammed Al’oriân « le nu, » lequel habitait le cimetière de Karâfah, au vieux Kaire. (Que Dieu nous fasse profiter de ses mérites !)


HISTOIRE DE CE DERNIER CHEÏKH.

Il était au nombre des saints ; il persistait à garder le célibat, et portait une tennoûrah, c’est-à-dire, un pagne qui le couvrait depuis le nombril jusqu’aux pieds. On raconte qu’après avoir fait la prière de la nuit close, il prenait tout ce qui restait dans l’ermitage de mets, ou d’assaisonnements, ou d’eau, le distribuait aux malheureux, et jetait la mèche de sa lampe ; de sorte qu’il se trouvait le lendemain sans moyen d’existence assuré. Il avait coutume de servir à ses