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Il met en pratique la théorie de la substitution mystique et, marquant une évolution décisive de la piété de Huysmans, il nous révèle un chrétien auquel apparaît la nécessité de souffrir ici-bas. Or, pour admettre ce mystère, il ne suffit pas de suivre sa religion et de croire aux dogmes ; il faut, en outre, qu’une étincelle d’amour jaillisse dans le cœur. L’âme endolorie de Huysmans, cette âme qui, d’aigrie qu’elle était autrefois, devenait maintenant si pénitente et si résignée, était peut-être mieux préparée que d’autres à accueillir, à vénérer l’idée d’une expiation par la douleur.

« Douleur et amour, écrit-il, sont presque des synonymes. » Et, commentant, plus tard, cette admirable parole, dans l’Oblat, il fera passer sous nos yeux le tableau saisissant où il montre la Douleur accompagnant le Christ dans sa Passion, s’attachant à lui « comme une épouse fidèle » et ne le quittant plus, jusqu’au moment suprême des noces du Calvaire, alors qu’elle en descendit « réhabilitée par cet amour, rachetée par cette mort ».

Dès lors qu’il avait résolu, dans le sens chrétien, le problème de la douleur, sa piété ne pouvait que progresser. En effet, il tend, de plus en plus, à s’oublier en Dieu. Lorsqu’il écrit l’Oblat, il cherche certes à célébrer sa chère liturgie bénédictine, mais dans les interstices de ces chapitres conventuels, se glissent les préoccupations du