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leuse, la naïveté enfantine de cette dévotion, sont ce qu’on peut imaginer de plus exquis ». Il lui consacrera encore d’admirables pages dans l’Oblat et un livre tout entier les Foules de Lourdes, le dernier qu’il écrivit, comme si sa littérature n’avait plus rien à exprimer après ce cri de confiance et d’abandon.

Cependant l’idéal mystique, si souvent invoqué par lui, n’était pas un vain mot sur ses lèvres et il le poursuivait dans le silence parfois inquiet de sa vie solitaire. « Faire le vide en soi, se dénuder l’âme, de telle sorte que, s’il le veut, le Christ puisse y descendre », voilà le résultat auquel se propose d’atteindre tout parfait mystique.

« Renonciation totale et douce », écrivait de son côté Pascal. Et c’est bien, en effet, renoncer à tout que de ne plus écouter aucune voix profane, que d’aliéner volontairement sa liberté entre les mains du Créateur, afin d’être prêt aux épreuves par lesquelles il purifiera le logis dont il a fait choix. Le détachement une fois consommé et l’adieu dit aux vanités du monde, l’âme recouvrera sa vraie liberté, la liberté de ne plus exercer que le bien et de jouir d’une quiétude complète. « Renonciation totale et douce ! »

Mais alors on accepte, par cela même, toutes les souffrances d’ici-bas ? Parfaitement. Et c’est même le seul moyen de résoudre le problème devant lequel se révolte et se cabre l’orgueil de l’homme, le terrifiant problème de la douleur.