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mystiques invinciblement attirés par l’amour du Christ, cédant tous les deux à l’impérieuse puissance de l’acte de Foi. Et la Foi, comme le disait l’un d’eux : « C’est Dieu sensible au cœur, non à la raison. »

Ce que nous connaissons déjà de Huysmans va nous aider à le suivre de plus près dans les étapes de sa conversion. Dégoûté de la vie moderne, affamé des tendresses dont il a toujours été sevré, il traine une âme meurtrie dans un corps malade. Il a besoin d’être soigné, dorloté et guéri et quel hôpital pouvait lui assurer un plus pacifiant refuge que cet « hôpital des âmes », que cette Église où l’on vous reçoit, où l’on vous couche, où l’on vous soigne, où « l’on ne se borne pas à vous dire, en vous tournant le dos, ainsi que dans la clinique du Pessimisme, le nom du mal dont on souffre ! »

Oui, il sentait bien que là était le salut ! Ses courses à travers les sanctuaires de Paris, alors qu’il était en quête de sensations d’art, sa fréquentation des écrivains mystiques, son goût de plus en plus prononcé pour la liturgie et le plain-chant, lui façonnaient une âme très sensible aux merveilles extérieures de la religion ; ils l’avertissaient, en outre, que dans ces églises, s’il parvenait à y prier, il trouverait la force de quitter la vie de misères et de péchés qu’il menait. Des trois causes de son retour à Dieu qu’il énumère dans En route, c’est-à-dire « l’atavisme