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1513, elle a sauvé la ville de Dijon que défendait alors Louis de La Trémouille, à la tête de quelques troupes, de l’assaut et du pillage des suisses. En souvenir de cet événement, l’on fit, chaque année, le 12 septembre, une procession en son honneur ; il en fut ainsi jusqu’au milieu du dix-huitième siècle ; alors elle cessa, j’ignore pourquoi ; ce qui est certain, en tout cas, c’est que Notre-Dame de bon espoir est en grande vénération dans la Bourgogne ; si son histoire détaillée vous intéresse, je vous prêterai un volume qui narre ses miracles, volume un tantinet mucilagineux d’un abbé Gaudrillet qui signe prêtre mépartiste de la paroisse de Notre-Dame.

Ils étaient arrivés, en bavardant, à la maison. La mère Vergognat les y attendait. Durtal présenta, l’une à l’autre, les deux femmes, intérieurement égayé de leur contraste, Mme Bavoil n’avait guère changé ; ses cheveux s’étaient pourtant raréfiés et ceux qui n’avaient point déserté étaient devenus plus blancs ; la face était encore osseuse et chapelurée de son ; le profil s’attestait plus coupant avec l’âge, mais l’œil noir était demeuré le même, fureteur à la fois et placide ; elle tenait toujours de la paysanne et de la vendeuse de cierges, dans une église, mais avec toujours aussi ce je ne sais quoi qui l’exhaussait quand l’âme, phosphorée par les prières, prenait feu.

L’autre s’avérait, redondante et mafflue, haute en couleur ; elle avait l’œil porcin et des poils de brosse, poivre et sel, plantés sous un nez cuit ; la bouche crénelée de dents couleur de rouille était hilare et pourtant, lorsqu’elle se fermait, mince et pincée ; elle était