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ils écoperont ; car la canaillerie de la France va se trouver sans contre-poids.

— Le fait est que c’est une triste aventure que cette fuite des Carmels ! Et, en effet, en supposant même que les ordres durs aient autant besoin que les autres de réformes, ils n’en étaient pas moins d’utiles parafoudres ; mais il ne sied pas de s’en prendre aux cloîtres qui s’acquittent plus ou moins bien de leur mission, de l’état de décomposition où nous sommes ; prenez-vous-en surtout aux évêques, au clergé, aux fidèles, à tous les catholiques, en un mot.

Les Evêques, je n’en parle pas ; à part les anciens, promus en des temps meilleurs, les autres ont été, pour la plupart, apprivoisés et chaponnés dans les cages des cultes ; quant au clergé, il tourne au rationalisme ou alors il se révèle d’une ignorance et d’un laisser-aller qui désolent. La vérité est qu’il est le produit de méthodes obsolètes et futiles, de méthodes mortes. L’éducation des séminaires est à jeter à bas ; on étouffe dans ces classes où l’on n’a jamais ouvert une fenêtre, depuis la mort de M. Olier. L’instruction y est surannée et les études nulles. Mais qui aura le courage de casser les vitres, de chasser un peu d’air frais l’humide touffeur de ces pièces ?

Les fidèles, eux, ils ont poussé à la roue et aidé à faire du catholicisme ce qu’il est devenu, ce quelque chose d’émasculé, d’hybride, de mol, cette espèce de courtage de prières et de mercuriale d’oraisons, cette sorte de sainte tombola où l’on brocante des grâces, en insérant des papiers et des sous dans des troncs scellés sous des statues de saint !