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puisqu’on ne lui conservait pas l’évangile du commun, qu’on lui départît celui-là ; et, pas du tout, on lui a dispensé celui des confesseurs non pontifes qui ne rime à rien de précis pour son cas.

Mais, pour un office plus ou moins bien composé, cent d’admirables ; et par ces trois spécimens que je viens de vous montrer, vous pouvez comprendre que certains justes prêtent, par leurs miracles, par les événements même singuliers de leur vie qu’il est utile de rappeler, à des offices particuliers que l’existence plus ordinaire, plus terne, si vous voulez, des autres, ne nécessite point.

Et puis, je vous le dis encore, le bréviaire est une sorte de géologie ecclésiale ; il est formé de couches plus ou moins anciennes et plus ou moins fortes et cela vous explique les côtés disparates qui s’y trouvent. Croyez-vous qu’une messe fabriquée de toutes pièces, de nos jours, en l’honneur d’un nouvel élu, sera écrite dans la même langue, et conçue de même que certaines parties de la messe des morts, que son offertoire, par exemple, qui remonte à l’ère première de la liturgie, à son terrain primaire, pour employer l’expression des géologues ?

Il faut donc prendre son parti des stratifications. Elles s’attestent, d’ailleurs, autant que dans la liturgie, dans le plain-chant où bien souvent des trames très antiques furent récemment brodées et remises à neuf, le tout, si expertement fondu, en son ensemble, qu’il est nécessaire de palper les dessous de la tapisserie pour reconnaître l’âge douteux des laines et la vieillesse prématurée des ors. Qu’importe, pourvu que l’œuvre soit belle ! Elle est un produit, une succession de l’art anonyme des temps ; tous les efforts ont convergé vers le même but,