Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/354

Cette page n’a pas encore été corrigée

Belgique, une série de minuscules maisons dans lesquelles chacun séjourne chez soi et où tout le monde s’assemble dans une chapelle, quand l’heure des offices sonne.

Comment ne pas rêver, soupira Durtal, d’une existence, abîmée en Dieu, et aboutissant, par l’aide des prières liturgiques, à des oraisons colorées d’art, lorsque l’on se trouve à Gand ou à Bruges, lorsqu’on pénètre dans ces petites villes situées dans les grandes, et si placides et si recueillies, dans ces pieux et avenants béguinages, aux façades si gaies, avec leurs murs de briques roses, ou blanchis à la chaux, leurs toits en escalier, leurs fenêtres aux châssis peints en vert Véronèse et tendues, derrière leurs vitres, de stores clairs ou de légers rideaux, leurs portes discrètes, ouvrant sur de larges pelouses plantées de vieux ormes très droits, traversées par des allées menant à l’antique église où des béguines prient, les bras en croix ?

Il ne semble pas qu’il y ait d’endroits plus reposants et, en même temps, plus incitants pour un peintre ou un écrivain qui voudrait œuvrer à la gloire de Dieu, un tableau ou un livre.

Et Durtal, parti en plein rêve, se remémorait, en les résumant, en quelques mots, les statuts de ces asiles. La béguine promettait, à sa réception, obéissance à la supérieure, à la grande dame, comme on la nomme, et s’engageait à observer, de la façon la plus stricte, les règlements ; elle subissait deux années de noviciat, avant que d’être définitivement reçue, ne se liait par aucun vœu, pouvait se retirer de l’enclos, à sa guise ; elle devait aussi justifier d’une rente de cent dix francs et subvenir,