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l’impression était la même et encore, non ; elle s’aggravait d’une aversion irraisonnée, d’un recul. Ce n’était, à coup sûr, ni un indice de vocation, ni une invite…

Il y a bien, poursuivit Durtal après un silence, le terrible argument de quelques durs-à-cuire du bon Dieu : la raison vous atteste que la vie monastique est supérieure à toute autre existence, il n’est point besoin d’en savoir plus ; cela suffit ; vous devez donc vous engager dans cette voie et avoir assez de volonté pour subir les désillusions qu’elle ménage et les sacrifices qu’elle exige.

Évidemment, cette théorie est d’un étiage surélevé ; elle suppose une générosité exceptionnelle d’âme, un abandon complet de sa personne, une foi à toute épreuve, une fermeté de caractère et une endurance vraiment rares.

Mais, c’est se jeter à l’eau pour l’amour de Dieu et l’obliger ainsi à vous repêcher !

C’est aussi placer la charrue avant les bœufs ; c’est mettre Notre Seigneur après et non avant ; c’est nier la vocation, la touche divine, l’impulsion, l’attrait ; c’est s’obéir sans attendre l’appel du Christ auquel on prétend infliger ses vues !

Je ne m’y frotterais point ; d’ailleurs, je n’ai point été mené par ma mère la vierge, de la sorte.

— Et vous n’avez pas tort de ne point vouloir tenter le seigneur, dit l’abbé ; mais plaçons la question, s’il vous plaît, sur un autre terrain. Rien ne vous oblige à revêtir la robe de l’oblature et à vous séquestrer dans un cloître ; vous pouvez loger au dehors et suivre les offices.

Je vous l’ai déjà déclaré, cette solution est la seule qui