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n’aurait pas eu, sans cela, l’idée de venir me voir !

— D’abord, je ne savais pas si je te trouverais seul et puis, non, ce n’était pas possible ; – et, elle regarda autour d’elle, réveillée, ayant peine à croire que c’était elle qui était là, assise, près de son mari, sur un divan.

— J’ai toujours vécu seul, dit André avec aplomb. Mais, je ne sais vraiment pas ce que cette lampe a ce soir, et il se leva pour la remonter. Ah ! les hommes sont tout de même à plaindre quand ils vivent isolés, soupira-t-il, et il jugea utile de se rendre intéressant, racontant que Mélanie le grugeait sans mesure, cherchant de la poussière qu’il ramassait difficilement, avec son doigt, sur les meubles, pour convaincre sa femme.

— Voilà comme je suis servi, dit-il en hochant la tête.

— Ton ménage semble pourtant bien tenu, répondit Berthe, qui regarda de tous les côtés, la pièce. Oh ! mais tu as acheté beaucoup de meubles !

Il lui proposa de visiter le logement et il supprima l’abat-jour de la lampe.

— Je ne m’étonne pas si elle charbonne ainsi, la mèche est mal coupée, attends, je vais te l’arranger tout à l’heure, et Berthe contempla les tableaux, souriant à ceux qu’elle connaissait, s’étonnant devant les autres. La chimère du Japon l’épouvanta. « Oh ! l’horreur ! fit-elle » ; et elle passa dans la chambre à coucher, examinant le lit blanc, les meubles en bois de rose, touchant les clefs dont les poignées dorées lui plaisaient surtout.