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— Dis donc, mon vieux, jeta André, nous dînons ce soir ensemble, hein ? car, sapristi, après si longtemps, c’est bien le moins que nous ne nous quittions pas ! je t’emmène. J’ai justement accordé congé à Mélanie et j’allais mélancoliquement dîner, seul, au restaurant. Quelle chance que tu sois arrivé ! Tiens, à propos, sais-tu pourquoi Mélanie m’a demandé campos ? non, eh bien, c’est pour assister à l’enterrement de mon oncle !

— De ton oncle ? fit Cyprien interdit.

— Voyons, tu ne te rappelles pas, le jour où nous sommes allés à la recherche de la bonne chez une blanchisseuse de la rue des Quatre-Vents, d’avoir vu sur une chaise percée un vieillard qui râlotait.

— Tiens, parbleu, cria le peintre, si je me le rappelle ! je crois bien, il y avait même dans la boutique une arpette dont l’extraordinaire dégaine m’a longtemps hanté. Alors, comme cela, ce respectable vieillard a rendu l’âme.

— Oui, Mélanie m’a raconté qu’il s’était penché tout d’un côté sur la chaise et qu’il grattait le plancher avec sa main, tandis qu’il tirait en même temps la langue. On a d’abord cru qu’il s’amusait et on lui a fichu une tape pour le remettre droit. Mais il a dit : Je sais pas moi…. je sais pas… ; puis, il est tombé la tête sur l’estomac, en avant ; ça été tout.

— Il fut largement exploité et il pua ! fit Cyprien. L’on pourrait graver ces mots comme épitaphe sur la tombe de cet oncle. Mais, dis donc, pour en revenir à des sujets plus gais, je préférerais, si cela ne te gênait