Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/282

Cette page n’a pas encore été corrigée

naux méprisés et les bagnes, qui fournit à tout particulier, au choix, les joies considérées de la famille ou les noces enviées des riches !

Aussi pourquoi n’en gagnait-il point ? pourquoi avait-il toujours exercé des états stériles, des professions improductives comme celles de répétiteur et d’homme de lettres ? Pourquoi n’avait-il pas accepté les basses besognes de son métier, ne s’était-il point fait sérieusement journaliste ? Il avait pourtant connu des gens qui cousaient, bout à bout, des balivernes évaluées avec raison au poids de l’or, car toutes les nuits la gomme les répétait stupidement, à table, parmi les filles ! Oui, mais encore eût-il fallu avoir la sottise de les inventer et l’audace de les écrire, encore eût-il fallu avoir le cœur assez solide pour qu’il ne se renversât point devant les pitoyables besognes imposées par l’actualité, par la vogue, chaque jour, et une vision soudaine des heures perdues dans les salles de rédaction se dressa devant lui. Il se revit accoudé sur le tapis vert d’une table, en quête de ses épreuves, alors-que, vers trois heures du matin, semblables aux servantes de l’amour enfermé dans des salons munis de divans et de gaz, ses collègues dormassaient, s’étirant, bâillant, demandant l’heure, buvant et fumant, attendant le moment longtemps souhaité de cesser le métier et d’aller dormir.

Ah ! cette vie de filles résignées à obéir aux exigences de Monsieur et à satisfaire aux caprices des abonnés et des passants l’avait révolté, puis il