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lantes du peintre, décrivant comme s’il les avait tâtés, les appas inconsistants de cette fille, qu’il était dans l’erreur, que Blanche était à peine flétrie.

— Eh bien, alors, tu es volé, riposta Cyprien, car enfin tu achetais, le sachant, de la marchandise tournée et l’on t’en fournit qui ne l’est pas ! – À ta place, je réclamerais !

André se résolut à rompre la conversation toutes les fois que Cyprien la portait sur Blanche. Il avait peur, au fond, de voir démolir par le peintre les semblants d’attrait de cette femme. Il la visitait maintenant, à heures fixes, pour être certain de la rencontrer seule et il jubilait lorsque, sonnant à la porte, il entendait claquer les talons de ses mules et qu’il la voyait, vêtue de linge frais, sourire dans I’ombre du vestibule.

L’accueil était toujours le même, féminin et puéril, un baiser sur la moustache, la tête prise entre les deux mains et doucement dodinée, puis tous deux passaient, se tenant par la taille, dans la chambre à coucher, et, là, elle lui enlevait prestement son pardessus et son chapeau, lui offrait de se rafraîchir et sautait dès qu’il était assis sur ses genoux, lui demandant s’il avait été bien sage, le traitant de brigand, par amitié, lui répétant : bien sûr, tu n’as pas soif ? Tu sais, il ne faut pas te gêner, il y a de l’eau-de-vie et du vin, ici.

Il l’interrogea à diverses reprises, sur la vie qu’elle menait ; elle lui raconta des banalités et mentit sans aplomb ; elle finit, un jour, par parler d’un