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jusqu’à la folie pour des motifs qu’elles ne parviennent pas à démêler elles-mêmes.

Sa timidité s’accroissait, du reste, à mesure qu’il réfléchissait aux difficultés de l’entreprise. Il avait assez pourtant des rôdeuses payées, il voulait s’adresser maintenant à des fillettes qui gagnent leur pain d’une façon autre, aux ouvrières qui choisissent un amant et ne lui sont infidèles que par boutades, selon les époques des termes, ou les rencontres qu’elles font au sortir de leurs magasins.

Alors que se trouvant, vers huit heures du soir, par hasard ou par suite d’une course, sur la place du Carrousel, il voyait les petits trottins, échappés de leurs ateliers, regagner deux à deux, les quartiers de la rive gauche, riant et marchant bon pas, il les suivait tristement de l’œil. La blondine, celle qui était à droite et qui tricotait si joliment des jambes, eût bien fait son affaire ; elle avait la mine douce et semblait disposée à rire. Il est vrai que ces saintes nitouches-là sont pires que les autres et que ce sont elles qui daubent et poivrent le plus congrument un homme !

Il s’asseyait parfois sur les bancs de pierre du pavillon de Turgot et, là, sans s’occuper de ses voisins : des ouvriers en train de lire le journal et de dormir, des placiers de commerce se reposant et s’essuyant le front près de leurs boites, des personnes enlevant des bottines qui leur gonflent les pieds, ou bien des vieux ménages humant le serein, le mari les deux mains appuyées sur une canne, la femme tenant un panier sur ses genoux, il regardait couler la foule,