Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/154

Cette page n’a pas encore été corrigée

demeuraient bien inassouvis, mais ils criaient moins haut dans la chair repue. André fut enchanté de son expérience et il la renouvela jusqu’à plus soif. Alors, les aspirations un moment plus domptées, reparurent et s’imposèrent, à nouveau, plus vives. Il avait forcé la dose de ce calmant qui l’irritait maintenant comme ces potions trop fortement opiacées dont les effets deviennent contraires à ceux qu’aurait produits une quantité juste. Loin de l’égayer, ces amours au grand trot, l’affligèrent ; ses ennuis devinrent même plus impérieux et plus aigus, dans cette langueur de cerveau que laissent après eux les excès charnels. La comparaison s’établissait forcément entre Berthe, Jeanne et ces femelles qui levant la chemise et la jupe d’un coup, pressaient l’extase, se dépêchaient de le renvoyer pour descendre dans la rue ou dans le salon, s’ingurgiter des verres de vin ou de bière. Il ne trouvait chez elles l’apparence ni d’une sympathie, ni d’une politesse, d’un plaisir quelconque, encore moins.

Des souvenirs de collégien lui revenaient, des souvenirs bêtes à le faire pleurer. Il quittait le boulevard Bonne-Nouvelle, un soir, et se faufilait dans une de ces rues infectes où les plombs en saillie sur les murs, soufflent, par tous les temps, les odeurs vomitives des vieux choux-fleurs. Il s’avançait avec l’un de ses amis, à petits pas, dans ces sentes noires où deux becs de gaz clignotant à la hauteur des premiers étages, éclairent de lueurs sales des rebords de fenêtres encombrés de pieds malades de véroni-