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rouges sortaient des bureaux, leur serraient respectueusement la main et s’éloignaient, arrêtés eux aussi, par des gens qui leur parlaient avec déférence et le chapeau bas.

Dans cette rue silencieuse, malgré sa navette ininterrompue de monde, dans cette chaussée où l’on entendait le roulement mou des fiacres sur l’asphalte, certains jours de la semaine, un homme se promenait, coiffé d’un melon de cuir noir, orné de ciseaux peints en blanc, une petite caisse retenue sur l’épaule par une bretelle, chantant sur un mode lugubre : v’là le tondeur, tond les chiens, coupe les chats et va-t-en ville ! – À d’autres moments, un « o vitrie » s’élevait prolongeant sa note stridulée ou bien un repasseur, roulant devant lui sa petite meule, remuait à chaque pas une sonnette, accompagnée, au loin, par l’aigre solo qu’un fontainier jouait sur une corne.

Le mardi, vers quatre heures, un bruit nouveau dominait les autres. Des voitures particulières emportant dans leurs caisses des flots de toilettes claires, s’arrêtaient devant un petit hôtel à un étage, contigu à la maison où logeait André et un vigoureux coup de timbre retentissait, annonçant les visites, suivi de près par le choc lourd des vantaux qu’on referme.

André commençait à classer les rumeurs diverses qui montaient sous sa terrasse. La vie singulière de la rue Cambacérès lui arrivait de moins en moins Confuse, il voyait se dégager peu à peu de ces bâ-