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manie de mettre les porte-allumettes dans les cendriers, de cirer le bout verni des bottines de bal.

Comme jadis, elle versait de l’eau bouillante dans les verres et sur les couteaux pour les laver et elle éprouvait des stupeurs énormes lorsque les uns se fêlaient et que les autres perdaient leur fil ; elle oubliait régulièrement dans les sauces les bouquets ficelés de laurier et de thym, laissait, en balayant le salon, son plumeau sur un meuble, forçait son maître à enlever, chaque jour, l’amas des journaux et des livres qu’elle récoltait dans les chambres et entassait sur le bureau juste à la place où il voulait écrire.

Ces défauts retrouvés ne déplurent pas à André. Il les attendait au passage, les salua comme des connaissances, s’étonnait, malgré tout, de ne les voir, ni diminués, ni grandis. Il constata avec satisfaction que la bêtise de sa bonne était demeurée stationnaire. Puis des défauts qu’il avait négligés, se montrèrent un à un, dès que l’occasion se présenta. Il dut répéter pour la millième fois et sans la moindre chance de succès d’ailleurs, les mêmes observations qu’avant son mariage. Il la supplia de ne pas remplir d’eau de savon le broc des lieux, de ne pas garder son plomb débouché, de ne pas essuyer l’intérieur de sa théière, de ne pas ajouter enfin à la poudre du café moulu l’ancien marc qu’elle s’obstinait à maintenir dans le filtre. Il insista également pour manger du gros pain et non. du pain riche ou des flûtes jocko qu’