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débarrasser d’elle, elle était tombée dans une telle boue que jamais plus elle ne s’en laverait !

Elle s’essuya avec la main les yeux, rajusta son chapeau qui s’était défait et, sans y penser, instinctivement, elle nouait les brides de ses mains tremblantes, arrangeait ses cheveux derrière ses oreilles.

Il eut l’œil allumé de joie.

— Tu t’en vas, dit-il faiblement, et il lui apporta son parapluie qu’elle ne cherchait point. Elle ne lui tendit même pas la main. Il crut nécessaire de murmurer :

— Je te reverrai ? Où ça ?

Elle le toisa, ouvrit la porte, sortit sans même se retourner.

— Bon voyage, dit le jeune homme ; eh zut à la fin ! Je ne peux pourtant pas m’empêtrer d’une femme !

Berthe marchait dans la rue, à grands pas. La honte d’avoir été éconduite ainsi dominait toutes ses pensées. Son mépris pour cet homme dépassait le possible. Ah ! elle en avait assez ! Elle retournait chez son mari, il ferait d’elle ce que bon lui semblerait ! Elle rentra, vit qu’André avait emporté sa malle, comprit qu’il ne reviendrait plus. Elle s’affaissa, exténuée, dans un fauteuil ; son angoisse même sombra. Elle n’avait plus le sentiment de ses maux. Dans le bourdonnement qui lui emplissait la tête, il lui semblait seulement distinguer au loin un glas furieux sonnant d’horribles catastrophes, d’irréparables deuils ! Une sorte de lueur traversa soudain le brouillard de ses idées ; l’ordure lui parut monter plus haut sur elle ; elle se dressa, prise d’épouvante, puis elle retomba