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vues des cordillères,

avons été conduits par un sentier étroit qui descend sur le bord de la crevasse. Trois énormes masses de rochers sont tombées de manière à se soutenir mutuellement : celle du milieu forme la clef de la voûte, accident qui auroit pu faire naître aux indigènes l’idée de la maçonnerie en arc, inconnue aux peuples du nouveau monde comme aux anciens habitans de l’Egypte. Je ne déciderai pas la question de savoir si ces quartiers de rochers ont été lancés de loin, ou s’ils ne sont que les fragmens d’une arche détruite en place, mais originairement semblable au pont naturel supérieur. Cette dernière supposition est rendue probable par un accident analogue qu’offre le Colisée à Rome, où l’on voit, dans un mur à demi écroulé, plusieurs pierres arrêtées dans leur chute, parce qu’en tombant elles ont formé accidentellement une voûte.

Au mileu du second pont d’Icononzo se trouve un trou de plus de huit mètres carrés, par lequel on voit le fond de l’abime : c’est là que nous avons fait les expériences sur la chute des corps. Le torrent paroît couler dans une caverne obscure : le bruit lugubre que l’on entend est dû à une infinité d’oiseaux