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et monumens de l’amérique.

La plaine couverte de pierre ponce, qui forme le premier plan du dessin dont nous donnons ici la description, fait partie de ce plateau qui sépare la crête occidentale de la crête orientale des Andes de Quito. C’est dans ces plaines que se trouve concentrée la population de ce pays merveilleux ; c’est là que sont placées des villes qui comptent trente à cinquante mille habitans. Lorsqu’on a vécu pendant quelques mois sur ce plateau élevé, où le baromètre se soutient à 0,54 m ou à vingt pouces de hauteur, on éprouve irrésistiblement une illusion extraordinaire : on oublie peu à peu que tout ce qui environne l’observateur, ces villages annonçant l’industrie d’un peuple montagnard, ces pâturages couverts à la fois de troupeaux de lamas et de brebis d’Europe, ces vergers bordés de haies vives de Duranta et de Barnadesia, ces champs labourés avec soin et promettant de riches moissons de céréales, se trouvent comme suspendus dans les hautes régions de l’atmosphère ; on se rappelle à peine que le sol que l’on habite est plus élevé au-dessus des côtes voisines de l’Océan Pacifique, que ne l’est le sommet