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et monumens de l’amérique.

Aztèques, ne connoissoit depuis long-temps l’usage barbare de sacrifier des victimes humaines. La divinité principale des Tollèques s’appeloit Tlaloctcuctli : c’étoit à la fois le dieu de l’eau, des montagnes et des orages. Aux jeux de ce peuple montagnard, c’est sur les hautes cimes, toujours enveloppées de nuages, que se prépare mystérieusement le tonnerre : c’est là qu’il place le séjour du Grand Esprit Téotl, de cet être invisible appelé Ipalnemoani et Tloque-Nahuaque, parce qu’il n’existe que par lui-même, et parce qu’il renferme tout en lui : c’est de cette région presque inaccessible que vient la tempête qui détruit les cabanes, et la pluie bienfaisante qui vivifie les champs. Les Toltèques avoient érigé, sur la cime d’une haute montagne, l’image de Tlalocteuctli : cette image, grossièrement sculptée, etoit faite avec une pierre blanche, regardée comme pierre divine (teoteti) ; car ce peuple, semblable aux Orientaux[1], attachoit des idées superstitieuses à la couleur de certaines pierres. Tlalocteuctli étoit représenté la foudre en main, assis sur

  1. Millii Dissertationes selectae, p. 309.