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vues des cordillères,

pas, comme le dit Bougner, dans un goufFre de cinq à six cents mètres de profondeur perpendiculaire ; mais il existe à peine une cascade qui, à une hauteur aussi considérable, réunisse une si grande masse d’eau. Le Rio de Bogota, après avoir abreuvé les marais qui se trouvent entre les villages de Facatativa et de Fontibon, conserve encore, près de Canoas, un peu au-dessus du salto, une largeur de quarante-quatre mètres, largeur qui est la moitié de celle de la Seine, à Paris, entre le Louvre et le Palais des arts.

La rivière se rétrécit beaucoup près de la cascade même, où la crevasse, qui paroît formée par un tremblement de terre, n’a que dix à douze mètres d’ouverture. À l’époque des grandes sécheresses, le volume d’eau qui, en deux bonds, se précipite à une profondeur de cent soixante-quinze mètres, présente encore un profil de quatre vingt-dix mètres carrés. On a ajouté au dessin de la cascade la figure de deux hommes pour servir d’échelle à la hauteur totale du salto. Le point où ces hommes sont placés, au bord supérieur, à deux mille quatre cent soixante-sept mètres d’élévation au-dessus du