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Naïf ! Je n’aurais rien osé…
La coquine faisait la moue ;
Mais lorsque ma lèvre eut posé
Un dernier baiser sur sa joue,

Elle me dit d’un air mutin :
« — Bonsoir, monsieur ! Dieu vous éclaire !
« On vous apprend trop de latin
« Dans votre petit séminaire ! »


LES MARIONNETTES


La chanson des petits est joyeuse et profonde :
Messieurs, connaissez-vous la chanson des petits ?
Nous nous la rappelons plus tard, quand sont partis
Les jours, les jours heureux de notre enfance blonde.
Je vais vous la chanter. Une larme est au fond
De ces chansons d’enfants que les mères ont faites :

Ainsi font, font, font
Les petites marionnettes ;
Ainsi font, font, font
Trois petits tours, et puis s’en vont.



Je remuais mes doigts, mes doigts tremblants et frêles,
Je riais, en chantant ce chant dans mon berceau.
Comme j’étais heureux ! Plus heureux qu’un oiseau
Doucement endormi dans la moiteur des ailes !
Mais, les nids durent peu, les enfants roses n’ont
Qu’un bonheur éphémère, et l’ombre est sur leurs têtes.

Ainsi font, font, font
Les petites marionnettes ;
Ainsi font, font, font
Trois petits tours et puis s’en vont.