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iii

histoire d’une galette au levain de maïs



À l’époque où se passe cette histoire, la cellule de la Tour-Roland était occupée. Si le lecteur désire savoir par qui, il n’a qu’à écouter la conversation de trois braves commères qui, au moment où nous avons arrêté son attention sur le Trou-aux-Rats, se dirigeaient précisément du même côté, en remontant du Châtelet vers la Grève, le long de l’eau.

Deux de ces femmes étaient vêtues en bonnes bourgeoises de Paris. Leur fine gorgerette blanche, leur jupe de tiretaine rayée, rouge et bleue ; leurs chausses de tricot blanc, à coins brodés en couleur, bien tirées sur la jambe ; leurs souliers carrés de cuir fauve à semelles noires, et surtout leur coiffure, cette espèce de corne de clinquant surchargée de rubans et de dentelles que les Champenoises portent encore, concurremment avec les grenadiers de la garde impériale russe, annonçaient qu’elles appartenaient à cette classe de riches marchandes qui tient le milieu entre ce que les laquais appellent une femme et ce qu’ils appellent une dame. Elles ne portaient ni bagues ni croix d’or, et il était aisé de voir que ce n’était pas chez elles pauvreté, mais tout ingénument peur de l’amende. Leur compagne était attifée à peu près de la même manière, mais il y avait dans sa mise et dans sa tournure ce je ne sais quoi qui sent la femme de notaire de province. On voyait, à la manière dont sa ceinture