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Dona Lucrezia. Noble nature !

Gennaro. Tenez, voulez-vous voir son écriture ? Voici une de ses lettres.

Il tire de sa poitrine un papier qu’il baise et qu’il remet à dona Lucrezia. —lisez cela.

Dona Lucrezia, lisant. "… ne cherche pas à me connaître, mon Gennaro, avant le jour que je te marquerai. Je suis bien à plaindre, va. Je suis entourée de parens sans pitié, qui te tueraient comme ils ont tué ton père. Le secret de ta naissance, mon enfant, je veux être la seule à le savoir. Si tu le savais, toi, cela est à la fois si triste et si illustre que tu ne pourrais pas t’en taire ; la jeunesse est confiante, tu ne connais pas les périls qui t’environnent comme je les connais ; qui sait ? Tu voudrais les affronter par bravade de jeune homme, tu parlerais ou tu te laisserais deviner, et tu ne vivrais pas deux jours. Oh non ! Contente-toi de savoir que tu as une mère qui t’adore et qu veille nuit et jour sur ta vie. Mon Gennaro, mon fils, tu es tout ce que j’aime sur la terre ; mon cœur se fond quand je songe à toi… "

elle s’interrompt pour dévorer une larme.