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Gennaro. Ah ! Je suis votre neveu ! Ah ! C’est ma mère, cette infortunée duchesse de Gandia, que tous les Borgia ont rendue si malheureuse ! Madame Lucrèce, ma mère me parle de vous dans ses lettres. Vous êtes du nombre de ces parens dénaturés dont elle m’entretient avec horreur, et qui ont tué mon père, et qui ont noyé sa destinée, à elle, de larmes et de sang. Ah ! J’ai de plus mon père à venger, ma mère à sauver de vous maintenant ! Ah ! Vous êtes ma tante ! Je suis un Borgia ! Oh ! Cela me rend fou ! -écoutez-moi, dona Lucrezia Borgia, vous avez vécu long-temps, et vous êtes si couverte d’attentats que vous devez en être devenue odieuse et abominable à vous-même. Vous êtes fatiguée de vivre, sans nul doute, n’est-ce pas ? Eh bien, il faut en finir. Dans les familles comme les nôtres, où le crime est héréditaire et se transmet de père en fils comme le nom, il arrive toujours que cette fatalité se clôt par un meurtre, qui est d’ordinaire un meurtre de famille, dernier crime qui lave tous les autres. Un gentilhomme n’a jamais été blâmé pour avoir coupé une mauvaise branche à l’arbre de sa maison. L’espagnol Mudarra a tué son oncle Rodrigue De Lara pour moins que vous n’avez fait. Cet espagnol a été loué de tous pour avoir tué son oncle, entendez-vous, ma tante ? -allons ! En voilà assez