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Negroni, à Maffio, montrant Gennaro. Monsieur le comte Orsini, vous avez là un ami qui me paraît bien triste.

Maffio. Il est toujours ainsi, madame. Il faut que vous me pardonniez de l’avoir amené sans que vous lui eussiez fait la grâce de l’inviter. C’est mon frère d’armes. Il m’a sauvé la vie à l’assaut de Rimini. J’ai reçu à l’attaque du pont de Vicence un coup d’épée qui lui était destiné. Nous ne nous séparons jamais. Nous vivons ensemble. Un bohémien nous a prdit que nous mourrions le même jour.

La Negroni, riant. Vous a-t-il dit si ce serait le soir ou le matin ?

Maffio. Il nous a dit que ce serait le matin.

La Negroni, riant plus fort. Votre bohémien ne savait ce qu’il disait. —et vous aimez bien ce jeune homme ?

Maffio. Autant qu’un homme peut en aimer un autre.

La Negroni. Eh bien ! Vous vous suffisez l’un à l’autre. Vous êtes heureux.

Maffio. L’amitié ne remplit pas tout le cœur, madame.