Page:Hugo - Lucrèce Borgia, Dessau, 1833.djvu/102

Cette page n’a pas encore été corrigée

Maffio, son verre à la main. Le vin que nous buvons vaut mieux que les histoires que vous nous contez, Jeppo.

Ascanio. Jeppo a la maladie de conter des histoires quand il a bu.

Don Apostolo. L’autre jour, c’était à Venise, chez le sérénissime doge Barbarigo ; aujourd’hui, c’est à Ferrare, chez la divine princesse Negroni.

Jeppo. L’autre jour, c’était une histoire lugubre ; aujourd’hui, c’est une histoire gaie.

Maffio. Une histoire gaie, Jeppo ! Comment il advint que don Siliceo, beau cavalier de trente ans, qui avait perdu son patrimoine au jeu, épousa la très-riche marquise Calpurnia, qui comptait quarante-huit printemps. Par le corps de Bacchus ! Vous trouvez cela gai !

Gubetta. C’est triste et commun. Un homme ruiné, qui épouse une femme en ruine. Chose qui se voit tous les jours.

Il se met à manger. De temps en temps, quelques-uns se lèvent de table et viennent causer sur le devant de la scène pendant que l’orgie continue.

La Princesse