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LE LABEUR

dimensions et les essences, le chêne d’un côté, le sapin de l’autre, les pièces courbes, comme les porques, séparées des pièces droites, comme les hiloires. C’était sa réserve de points d’appui et de leviers, dont il pouvait avoir grand besoin à un moment donné.

Quiconque médite un palan doit se pourvoir de poutres et de moufles ; mais cela ne suffit pas, il faut de la corde. Gilliatt restaura les câbles et les grelins. Il étira les voiles déchirées, et réussit à en extraire d’excellent fil de caret dont il composa du filin ; avec ce filin, il rabouta les cordages. Seulement ces sutures étaient sujettes à pourrir, il fallait se hâter d’employer ces cordes et ces câbles, Gilliatt n’avait pu faire que du funin blanc, il manquait de goudron.

Les cordages raccommodés, il raccommoda les chaînes.

Il put, grâce à la pointe latérale du galet enclume, laquelle tenait lieu de bicorne conique, forger des anneaux grossiers, mais solides. Avec ces anneaux il rattacha les uns aux autres les bouts de chaîne cassés, et fit des longueurs.

Forger seul et sans aide est plus que malaisé. Il en vint à bout pourtant. Il est vrai qu’il n’eut à façonner sur la forge que des pièces de peu de masse ; il pouvait les manier d’une main avec la pince pendant qu’il les martelait de l’autre main.

Il coupa en tronçons les barres de fer rondes de la passerelle de commandement, forgea aux deux extrémités de chaque tronçon, d’un côté une pointe, de l’autre une large tête plate, et cela fit de grands clous d’environ un pied de long. Ces clous, très usités en pontonnerie, sont utiles aux fixations dans les rochers.