Page:Hugo - Les Misérables Tome II (1890).djvu/452

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lard et en la descendant dans la fosse, sentiront bien qu’il n’y a rien dedans.

— Ah ! di… ! s’écria Fauchelevent.

La prieure commença un signe de croix, et regarda fixement le jardinier. Able lui resta dans le gosier.

Il se hâta d’improviser un expédient pour faire oublier le juron.

— Révérende mère, je mettrai de la terre dans la bière. Cela fera l’effet de quelqu’un.

— Vous avez raison. La terre, c’est la même chose que l’homme. Ainsi vous arrangerez la bière vide ?

— J’en fais mon affaire.

Le visage de la prieure, jusqu’alors trouble et obscur, se rasséréna. Elle lui fit le signe du supérieur congédiant l’inférieur. Fauchelevent se dirigea vers la porte. Comme il allait sortir, la prieure éleva doucement la voix :

— Père Fauvent, je suis contente de vous ; demain, après l’enterrement, amenez-moi votre frère, et dites-lui qu’il m’amène sa fille.