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Le hallier crie ; il semble, à travers l'âpre bise,
Qu'on entende hurler Nemrod, Sylla, Cambyse,
Rongés du ver et du corbeau,
Et sortir, dans l'orage et la brume et la haine,
Des froids caveaux où sont les damnés à la chaîne,
Les rugissements du tombeau.

Est-il quelqu'un qui cherche ? est-il quelqu'un qui rêve ?
Est-il quelqu'un qui marche à l'heure où sur la grève
Rôdent le spectre et l'assassin,
Et qui sache, ô vivants ! pourquoi sanglote et râle
La forêt, monstrueuse et fauve cathédrale,
Où le vent sonne le tocsin ?

On entend vous parler à l'oreille des bouches ;
On voit dans les clartés des branchages farouches
Où passent de mornes convois ;
Le vent, bouleversant l'arbre aux cimes altières,
Emplit de tourbillons les blêmes cimetières ;
Quelle est donc cette étrange voix ?