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Satan, c'est l'appétit, pourceau qui mord l'idée ; C'est l'ivresse, fond noir de la coupe vidée ; Satan, c'est l'orgueil sans genoux ; C'est l'égoïsme, heureux du sang où ses mains trempent ; C'est le ventre hideux, cette caverne où rampent Tous les monstres qui sont en nous. Satan, c'est la douleur, c'est l'erreur, c'est la borne, C'est le froid ténébreux, c'est la pesanteur morne, C'est la vis du sanglant pressoir ; C'est la force d'en bas liant tout de ses chaînes, Qui fait dans le ravin, sous l'ombre des grands chênes, Crier les chariots le soir.

Nous allons à l'amour, au bien, à l'harmonie. Ô vivants qui flottez dans l'énigme infinie, Un arbre, auguste à tous les yeux, Conduit votre navire à travers l'âpre abîme ; Jésus ouvre ses bras sur la vergue sublime De ce grand mât mystérieux.