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Car rien n'est à ton gré ; tout te met mal à l'aise. Ce coin du ciel est donc fait de plomb, qu'il te pèse ! Oh ! tu voudrais rompre le sceau ! Comme tu frapperais dans tes mains, ombre frêle, Pour la faire envoler de sa branche éternelle, Si la terre était un oiseau !

Hautain, dédaignant tout, que ta nef vogue ou sombre, Tu voudrais t'en aller dans le désert de l'ombre, Fuir, comme fuyaient les Hébreux. Tu dis : Rien de nouveau ! tu dis avec colère : Toujours la même aurore ! et l'étoile polaire T'ennuie, ô pauvre œil ténébreux.

Tu t'irrites d'être homme, oubli, poussière, atome ; D'ignorer quel épi tu portes, ô vil chaume ! D'être une algue dans le reflux ; De trembler comme un cerf que suit une lionne, Et d'être, sous le ciel qui reste et qui rayonne, Celui qui passe et qui n'est plus ;