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LA LÉGENDE DES SIÈCLES

Geoffroy, Martin, Gilon, l’enfant Agrippin Trois,
Sont assis sous le dais près du maître, étant rois.

Dans ce réseau de chefs qui couvrait l’Italie,
Je passe Théodat, prince de Trente ; Élie,
Despote d’Avenzo, qu’a réclamé l’oubli ;
Ce borgne Ordelafo, le bourreau de Forli ;
Lascaris, que sa tante Alberte fit eunuque ;
Othobon, sieur d’Assise, et Tibalt, sieur de Lucque ;
C’est que, bien que mêlant aux autres leurs drapeaux,
Ceux-là ne comptaient point parmi les principaux ;
Dans un filet on voit les fils moins que les câbles ;
Je nomme seulement les monstres remarquables.

Derrière eux, sur la pierre auguste d’un portail,
Est sculpté Satan, roi, forçat, épouvantail,
L’effrayant ramasseur de haillons de l’abîme,
Ayant sa hotte au dos, pleine d’âmes, son crime
Sur son aile qui ploie, et son croc noir qui luit
Dans son poing formidable, et, dans ses yeux, la nuit.

Pour qui voudrait peser les droits que donne au maître