Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

théologie, se fit subitement d’auxiliaire assaillant. Il posa son poing fermé sur son dossier, qui était épais et chargé. Ursus reçut de lui en plein torse cette apostrophe :

— Il est prouvé que le cristal est de la glace sublimée et que le diamant est du cristal sublimé ; il est avéré que la glace devient cristal en mille ans, et que le cristal devient diamant en mille siècles. Vous l’avez nié.

— Point, répliqua Ursus avec mélancolie. J’ai seulement dit qu’en mille ans la glace avait le temps de fondre, et que mille siècles, c’était malaisé à compter.

L’interrogatoire continua, les demandes et les réponses faisant comme un cliquetis d’épées.

— Vous avez nié que les plantes pussent parler.

— Nullement. Mais il faut pour cela qu’elles soient sous un gibet.

— Avouez-vous que la mandragore crie ?

— Non, mais elle chante.

— Vous avez nié que le quatrième doigt de la main gauche eût une vertu cordiale.