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Le Danemark avait payé sa virginité, virginitas empta, comme disent les vieilles chartes, d’un douaire de six mille deux cent cinquante livres sterling de rente, pris sur le bailliage de Wardinbourg et sur l’île de Fehmarn.

Anne suivait, par conviction et par routine, les traditions de Guillaume. Les anglais, sous cette royauté née d’une révolution, avaient tout ce qui peut tenir de liberté entre la Tour de Londres où l’on mettait l’orateur et le pilori où l’on mettait l’écrivain. Anne parlait un peu danois, pour ses aparté avec son mari, et un peu français, pour ses aparté avec Bolingbroke. Pur baragouin ; mais c’était, à la cour surtout, la grande mode anglaise de parler français. Il n’y avait de bon mot qu’en français. Anne se préoccupait des monnaies, surtout des monnaies de cuivre, qui sont les basses et les populaires ; elle voulait y faire grande figure. Six farthings furent frappés sous son règne. Au revers des trois premiers, elle fit mettre simplement un trône ; au revers du quatrième, elle voulut un char de triomphe, et au revers du sixième une déesse tenant d’une main l’épée et de l’autre l’olivier avec l’exergue Bello