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Angleterre, il y avait en France la presse des soldats. Dans toutes les grandes villes de France, tout homme valide allant par les rues à ses affaires était exposé à être poussé par les racoleurs dans une maison appelée four. Là on l’enfermait pêle-mêle avec d’autres, on triait ceux qui étaient propres au service, et les recruteurs vendaient ces passants aux officiers. En 1695, il y avait à Paris trente fours.

Les lois contre l’Irlande, émanées de la reine Anne, furent atroces.

Anne était née en 1664, deux ans avant l’incendie de Londres, sur quoi les astrologues — (il y en avait encore, témoin Louis XIV, qui naquit assisté d’un astrologue et emmailloté dans un horoscope) — avaient prédit qu’étant « la sœur aînée du feu », elle serait reine. Elle le fut, grâce à l’astrologie, et à la révolution de 1688. Elle était humiliée de n’avoir pour parrain que Gilbert, archevêque de Cantorbéry. Être filleule du pape n’était plus possible en Angleterre. Un simple primat est un parrain médiocre. Anne dut s’en contenter. C’était sa faute. Pourquoi était-elle protestante ?