Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le She romps Club. L’une était fille, il la dota ; l’autre était mariée, il fit nommer son mari chapelain.

Les combats de coq lui durent de louables perfectionnements. C’était merveille de voir lord David habiller un coq pour le combat. Les coqs se prennent aux plumes comme les hommes aux cheveux. Aussi lord David faisait-il son coq le plus chauve possible. Il lui coupait avec des ciseaux toutes les plumes de la queue et, de la tête aux épaules, toutes les plumes du cou. — Autant de moins pour le bec de l’ennemi, disait-il. Puis il étendait les ailes de son coq, et taillait en pointe chaque plume l’une après l’autre, et cela faisait les ailes garnies de dards. — Voilà pour les yeux de l’ennemi, disait-il. Ensuite, il lui grattait les pattes avec un canif, lui aiguisait les ongles, lui emboîtait dans le maître ergot un éperon d’acier aigu et tranchant, lui crachait sur la tête, lui crachait sur le cou, l’oignait de salive comme on frottait d’huile les athlètes, et le lâchait, terrible, en s’écriant : — Voilà comment d’un coq on fait un aigle, et comment la bête de basse-cour devient une bête de la montagne !